Tu as un projet de cœur. Une activité que tu veux lancer, développer, stabiliser. Et en même temps… tu as déjà une vie bien remplie. Peut-être que tu es encore salariée, avec cette impression de mener une double vie : la journée, tu donnes ton énergie à un job qui ne te ressemble plus vraiment, et le soir, les week-ends, sur ta pause déjeuner, tu essaies de construire la suite.
Ou peut-être que tu es déjà à ton compte. Tu as gagné en liberté sur le papier… mais tu as aussi découvert une nouvelle forme de prison : celle où tu pourrais travailler tout le temps, où tu penses à ton activité en continu, et où la culpabilité de “ne pas en faire assez” n’est jamais bien loin.
Dans les deux cas, le fond du ressenti est souvent le même : une course contre la montre, la sensation de ne jamais avoir suffisamment de moments, et cette petite peur qui tourne en boucle : “Et si je n’y arrivais pas ?”
Ce que je te propose ici, ce n’est pas une méthode miracle, ni un système d’organisation militaire. C’est un changement de focale : arrêter de tout miser sur la gestion du temps, et remettre au centre la gestion de ton énergie.
Parce qu’une heure de travail quand tu es vidée, stressée, dispersée n’a rien à voir avec une demi-heure où tu es concentrée, claire, présente. L’idée, c’est de moins te demander :
“Comment je peux trouver plus de temps ?” et davantage : “Comment je peux utiliser l’énergie que j’ai… de la façon la plus juste pour moi ?”
On va voir comment ça peut prendre forme concrètement, que tu sois salariée, indépendante, ou entre les deux.
Quand tu es salariée, il y a une réalité très simple : tu ne contrôles pas la majorité de tes journées. Tu as des horaires, des contraintes, une charge mentale liée à ton boulot actuel. Arriver chez toi le soir et te dire : “Bon, là il faut que je bosse deux heures sur mon projet” alors que tu es déjà épuisée… c’est le meilleur moyen de te dégoûter.
Le piège classique, c’est celui-là :
tu te fixes des objectifs énormes sur tes créneaux libres
tu te dis que tu dois “rentabiliser chaque minute”
tu te mets une pression énorme sur tes soirées et week-ends
et au premier imprévu (fatigue, enfant malade, déplacement, coup de mou), tout explose
Résultat : tu alternes entre phases d’hyper-volonté et semaines entières où tu “n’y touches pas”. Et à la fin, ce que tu retiens, c’est : “Je n’ai pas de discipline” ou “Je n’y arriverai jamais comme ça.”
En réalité, le problème n’est pas ta discipline. Le problème, c’est la taille des marches.
Les micro-victoires : des marches tellement petites que tu peux vraiment les monter
Une micro-victoire, c’est une action :
précise
délimitée
réaliste dans ton vrai quotidien
Pas “travailler sur mon projet ce soir”. Mais :
“écrire le brouillon d’un seul post Instagram”
“noter trois idées de contenus dans mon téléphone”
“envoyer un message à une personne pour lui parler de ce que je lance”
“lister en vrac tout ce qui me bloque en ce moment”
Ce sont des actions qui tiennent dans :
10 à 30 minutes
ton niveau d’énergie réel après une journée de boulot
et qui, une fois terminées, laissent une trace visible : quelque chose a avancé.
Ce qui peut t’aider, c’est de :
te fixer une seule mission claire par créneau, pas cinq
te demander : “Si je ne devais faire qu’une seule chose ce soir, ce serait quoi ?”
viser des actions qui préparent le terrain (clarifier, noter, structurer) au lieu de toujours chercher à “produire” beaucoup
C’est cette accumulation de micro-victoires qui, au bout de quelques semaines ou mois, crée un effet “waouh” quand tu regardes derrière toi. Tu n’as pas tout révolutionné. Mais tu as posé des briques, tous les jours, ou presque. Et ça, ton cerveau s’en souvient : chaque petite action génère ce petit shot de satisfaction qui te donne envie de recommencer.
Quand tu es déjà à ton compte, le problème se déplace. Ce n’est plus : “Je n’ai pas assez de dispo” C’est plutôt : “J’ai des ressources… mais je ne sais pas comment l’organiser sans m’épuiser.”
Tu peux très vite tomber dans :
des journées sans fin
une to-do list interminable
des passages éclair d’une tâche à l’autre sans vraiment terminer quoi que ce soit
la sensation d’être “toujours en retard sur quelque chose”
Dans mon cas, ce qui a tout changé, c’est ce que j’appelle mon calendrier inversé. Ce n’est pas une méthode à suivre absolument, juste une manière de faire qui m’aide à garder le cap.
Le principe du calendrier inversé (sans en faire une injonction)
La plupart des gens font ça : ils remplissent leur agenda avec le travail, les obligations, les rendez-vous puis essaient de “caser” leur vie personnelle dans les trous
J’ai choisi l’inverse.
Quand je regarde ma semaine à venir, je commence par bloquer :
les instants de vie qui comptent vraiment pour moi (instants avec mes enfants, repas important, rendez-vous médical, créneaux pour souffler)
les activités qui m’aident à rester dynamique (marche, lecture, vrai moment off)
Ce sont mes rochers. Ils ne sont pas là pour “faire joli”. Ils me rappellent pourquoi je me suis lancée, et à quoi je ne veux pas renoncer. Ensuite seulement, je regarde ce qui reste comme créneaux. C’est là que je place mon temps de travail.
Ça ne veut pas dire que je travaille peu. Ça veut juste dire que je construis mon activité autour de ma vie, et pas l’inverse. Et rien que ce renversement enlève une énorme couche de culpabilité.
Les blocs intentionnels : une tâche, un créneau, une vraie présence
Une fois les créneaux de travail posés, je les transforme en blocs intentionnels.
Un bloc intentionnel, c’est :
un créneau horaire
dédié à un seul type de tâche
avec une intention claire
Par exemple :
lundi 9h–12h : bloc “création de contenu”
mardi 14h–16h : bloc “suivi clients / dossiers en cours”
jeudi 10h–12h : bloc “stratégie / organisation”
Pendant un bloc :
je ne saute pas d’un sujet à l’autre
je ne “profite pas d’un instant” pour répondre à trois mails qui passent
je ne me disperse pas sur les réseaux “entre deux pensées”
Pourquoi ça change tout ?
Parce que ton cerveau paye un coût caché énorme à chaque fois que tu changes de contexte. Rester sur un même type de tâche lui donne le temps d’entrer en concentration profonde. Et c’est là que tu peux réellement faire en 90 minutes ce qui t’aurait pris une demi-journée en mode dispersé. Tu n’es pas obligée de reprendre ce système tel quel. Mais tu peux t’en inspirer pour te poser une question simple :
“À quel moment de ma semaine j’avance vraiment, et à quel moment je fais juste tourner des choses sans vraie progression ?”
Souvent, la différence se joue là.
Que tu sois salariée, indépendante, ou entre les deux, il y a un point commun qui crée beaucoup de fatigue : la charge mentale.
Ce n’est pas seulement ce que tu fais. C’est tout ce que tu penses devoir faire, tout ce que tu dois “garder en tête”, tout ce qui tourne en arrière-plan.
Ça ressemble à :
“Ne pas oublier de répondre à ce mail.”
“Penser à acheter ceci pour l’école.”
“Trouver une idée pour ce post.”
“Revoir mes tarifs.”
“Réserver ce rendez-vous.”
Comme si tu avais 50 onglets ouverts en permanence. Et forcément, ça rame.
Tout sortir de ta tête : un geste simple, mais pas anodin
Une habitude peut vraiment changer la donne : capturer systématiquement ce qui traverse ton esprit.
Concrètement :
choisis un support principal (un carnet, une app de notes, Notion, peu importe)
dès qu’une idée, une tâche, un “il ne faut pas que j’oublie ça” arrive → tu l’écris
tu n’essaies pas de décider tout de suite quand tu le feras
tu te contentes de le déposer quelque part où tu sais que tu le retrouveras
Ce geste envoie un message très clair à ton cerveau :
“C’est noté. Tu peux lâcher.”
Tu ne supprimes pas les choses à faire. Tu retires juste la nécessité de les garder en mémoire en permanence.
Ensuite, à une occasion prévue (par exemple une fois par semaine), tu peux :
relire tes notes
regrouper
décider ce qui est prioritaire
déplacer ce qui peut attendre
Mais tu le fais à froid, avec un peu de recul, plutôt que sous pression en plein milieu de ta journée.
Cette simple habitude :
libère beaucoup d’espace mental
t’aide à être plus présente, autant dans ton projet que dans ta vie perso
et rend tes blocs de travail plus efficaces, parce que tu as moins de “parasites” en arrière-plan
Il y a un point sur lequel on se fait souvent piéger : la croyance qu’une “bonne organisation”, c’est un système qui ne bouge pas.
Dans la vraie vie :
un enfant tombe malade
tu as un coup de fatigue que tu n’avais pas prévu
un client demande quelque chose d’urgent
ton moral est au plus bas pendant quelques jours
Face à ça, un planning hyper rigide finit toujours par exploser. Et ce qui reste, après, c’est souvent :
de la culpabilité (“je n’ai pas tenu ce que j’avais prévu”)
et une forme de démotivation (“à quoi bon, de toute façon je n’y arrive jamais”)
Là où l’élasticité change tout, c’est qu’elle part d’un principe très simple : ton organisation doit pouvoir plier sans te casser.
Concrètement, ça veut dire quoi ?
Ça peut ressembler à :
accepter qu’une semaine “bousculée” ne remet pas tout en question
adapter le nombre de micro-victoires prévues au lieu de les abandonner complètement
réduire la taille des blocs intentionnels sur quelques jours, sans culpabiliser
déplacer un bloc plutôt que le supprimer sans le regarder
Par exemple :
tu avais prévu un bloc de 3 heures, tu ne peux en faire qu’1 : tu choisis une seule chose à faire pendant cette heure, et tu la fais vraiment
ta semaine est complètement chamboulée : tu décides quand même de garder une micro-victoire “socle” (un tout petit geste pour ton projet), pour rester en lien avec lui
L’idée n’est pas de “s’excuser en permanence” auprès de toi-même. L’idée, c’est de rester en mouvement, même minime, plutôt que d’alterner blocage / grosse relance. L’élasticité n’est pas du laxisme. C’est une manière plus réaliste d’organiser ta progression dans la durée.
Beaucoup de discours autour de la productivité te poussent à mesurer ton avancée en heures :
“combien de temps j’ai travaillé ?”
“combien d’heures j’ai réussi à dégager cette semaine ?”
Le problème, c’est que deux heures ne se valent pas.
Deux heures :
passées à scroll, à sauter d’une tâche à l’autre, à te juger en boucle ≠ 40 minutes concentrée, avec une intention claire, sur une tâche qui compte vraiment pour ton projet.
Tu peux commencer à changer ton regard en te posant d’autres questions :
“Sur quoi j’ai réellement avancé cette semaine ?”
“Qu’est-ce que j’ai rendu plus clair ?”
“Qu’est-ce qui existe aujourd’hui et qui n’existait pas il y a sept jours ?”
Ça peut être :
un mail envoyé
une offre formulée plus simplement
un post publié
un système d’organisation allégé
une décision prise (parce qu’une décision, ça libère énormément d’énergie)
Tu ne mesures plus seulement ton avancée en “temps passé”, mais en effets concrets sur ton projet et sur ton niveau de bien-être.
Avancer sur un projet dans une vie déjà pleine, ce n’est pas réussir à “tout faire rentrer”. C’est accepter que tout ne tiendra pas… et choisir ce qui compte vraiment.
Le calendrier inversé dont je te parlais, avec les blocs de vie posés en premier, est une façon d’honorer ça. Ce n’est pas une méthode à suivre à la lettre, mais l’illustration d’un principe : si tu ne protèges pas tes priorités, tout le reste va les grignoter.
Tes priorités ne sont pas forcément les miennes. Ça peut être :
ton sommeil
un moment seule dans la semaine
un temps en couple
une activité qui te recharge
un temps fixe pour ton projet, même petit
Ce qui compte, c’est que tu saches pourquoi tu organises ta semaine comme tu le fais. Pas pour faire “comme il faudrait”, mais pour rester cohérente avec ce qui a de la valeur pour toi. Cette cohérence-là, tu la ressens. Elle enlève une partie de la culpabilité, parce qu’au lieu de te dire : “Je n’en fais jamais assez” tu peux te dire : “Je fais ce que je peux, à partir de là où j’en suis, en protégeant ce qui compte.” Ce n’est pas magique, mais c’est beaucoup plus stable.
Si on devait résumer tout ça, on pourrait dire que ton meilleur allié, ce n’est ni :
un nouveau planner
une app en plus
une méthode parfait
C’est un duo assez simple :
La clarté : savoir où va ton énergie, ce qui est prioritaire, ce que tu décides de faire maintenant
Les petits pas : accepter d’avancer par micro-victoires, blocs intentionnels raisonnables, ajustements
Tu peux très bien avoir une vie pleine, un job prenant, une famille, des contraintes… et faire vivre ton projet en parallèle, sans te sacrifier. Pas en forçant. Pas en te mettant des objectifs irréalistes. Mais en posant, semaine après semaine, des actions adaptées à ton niveau de forme actuel.
Tu n’as pas besoin de trouver des journées de 48 heures pour avancer sur ce que tu construis. Tu peux commencer par une question beaucoup plus simple : “Quelle est la prochaine petite action concrète que je peux faire, avec les ressources que j’ai aujourd’hui ?”
Ça peut être :
écrire un paragraphe de ton offre
poser un créneau “projet” dans ton agenda
vider ta tête dans un carnet
choisir une seule micro-victoire pour ta soirée
Ce n’est pas spectaculaire. Mais ce sont ces gestes-là qui, accumulés, finissent par changer concrètement la place qu’occupe ton projet dans ta vie. Tu n’es pas en retard. Tu es en chemin, dans une vie qui ne se met pas sur pause. Et tu as le droit de construire ton activité à partir de cette réalité-là, pas contre elle.
1. Comment avancer sur mon projet quand je suis encore salariée ?
Tu peux t’appuyer sur les micro-victoires : des actions petites, précises et réalistes (10 à 30 minutes) qui te donnent un vrai sentiment d’avancée. Une seule micro-victoire par jour ou par semaine peut suffire à créer une dynamique, sans épuiser le peu de ressources qui te reste après le travail.
2. Et si je suis déjà indépendante, mais que j’ai l’impression de travailler tout le temps ?
Dans ce cas, l’enjeu est souvent la dispersion, plus que le temps. Les blocs intentionnels peuvent t’aider : tu regroupes les tâches par nature (création, administratif, clients, stratégie) au lieu de tout mélanger. Tu peux aussi tester le concept du calendrier inversé, en plaçant d’abord tes expériences de vie essentielles, puis en organisant ton travail autour.
3. Qu’est-ce que l’élasticité dans l’organisation ?
L’élasticité, c’est la capacité de ton organisation à s’adapter aux imprévus sans que tu aies l’impression que tout s’effondre. Plutôt que d’exiger de toi un planning parfait, tu acceptes qu’il y ait des semaines plus légères, tu ajustes la taille de tes objectifs, et tu gardes un petit geste minimal pour rester connectée à ton projet.
4. “Sortir tout de ma tête”, ça veut dire quoi concrètement ?
C’est le fait de noter systématiquement les tâches, idées et choses à ne pas oublier dans un seul endroit de référence (carnet, app, document). Tu ne cherches pas à tout traiter immédiatement, tu enregistres d’abord. Ensuite, tu reviens dessus à un moment choisi pour organiser, trier, prioriser. Ce simple réflexe diminue la charge mentale et libère de l’énergie.
5. Le calendrier inversé est-il une méthode que je dois absolument suivre ?
Non. C’est une façon de faire qui me convient, parce qu’elle me permet de protéger mes moments de vie et de garder une meilleure énergie pour mon travail. Tu peux t’en inspirer, l’adapter, ou trouver ta propre version. Le principe central reste de vérifier régulièrement si ton agenda reflète vraiment tes priorités, ou s’il s’est rempli tout seul sans toi.